Le printemps, ce poète !
J’aime tant le début du printemps, quand l’hiver est encore là à nous claquer les joues le matin avec des petits 5°C , quand la gelée a tendance quand même à laisser place à la rosée, quand les après-midis se réchauffent autour d’un agréable 18°C. J’aime tant quand, peu à peu, la campagne verdit. J’aime voir les pousses des fleurs. J’aime voir les fleurs. J’aime tant voir les prémices de cette explosion de couleurs ! C’est tout simple, un jour il n’y a presque rien et le lendemain, tout commence à éclore. J’aime voir la nature s’épanouir après qu’elle ait sommeillé quelques semaines parfois s’offrant le luxe d’un manteau blanc.
J’aime aussi l’idée de chercher cette transition, de passer de recoins encore troublés et meurtris par l’hiver, à des recoins séduits par l’arrivée prématurée -ou non- du printemps. Je crois qu’il n’y a rien de plus joli que les transitions de saison… mais oui, quand le printemps rejoint l’été, quand l’été s’unit à l’automne, quand l’automne et l’hiver s’embrument ! C’est la vie qui change, qui évolue, qui s’endort, qui se réveille, qui émerveille, qui s’embellit de différentes façons selon les saisons.
Et depuis 15 jours, la transition est en cours. L’hiver s’efface doucement, le printemps se dessine progressivement… on imagine aisément le crayon à papier du dessinateur : il commence à ajouter le feuille, les fleurs, a sorti les crayons de couleurs, mais il prend son temps, comme pour faire durer le plaisir. Alors, les pâquerettes apparaissent sporadiquement, touche de fushia et de blanc dans les étendue d’herbes. Le dessinateur prend son temps.
Les arbres fleurissent peu à peu, donc. Parfois seuls, parfois à plusieurs. Du blanc, du rose, du mauve, du blanc, du mauve, du rose. On réentend le zonzon enivrant des abeilles et autres bestioles qui butinent bruyamment et on se délecte du champ des oiseaux. Le printemps qui s’installe, c’est comme une poésie, une poésie lyrique : il stimule nos sens, nos sensations, nos émotions, il nous plonge dans une nature encore fragile, encore hésitante.
Les pissenlits prennent place : jaune ou blanc, coiffés de leurs graines. Une couleur solaire, une couleur hivernale. On souffle dessus, on croirait qu’il neige…et pourtant !
Dès fin février et début mars, il était là, il avait installé les premières orchidées, comme un pied de nez à l’hiver – bon elles sont toujours là à cette époque de l’année, mais avouons-le, elles ont un air bien printanier. A Lamaguère, sur les chemins quelques ophrys bruns se dressaient déjà fièrement.
Et à dans la forêt de Montégut, une foison d’ophrys de Mars se laissaient enrubanner d’un soleil encore voilé. C'était beau, c'était doux, c'était printanier !
Ici ou là, sortaient du sol de magnifiques bouquets de « Coucuts ». Le nom vous est peut-être inconnu. C’est ainsi qu’en gascon on nomme les jonquilles sauvages. « Coucut » en occitan de gascogne, ça signifie « Coucou ». Elles éclosent en même temps que le Coucou (l’oiseau) revient dans le coin.
Selon les régions de Gascogne historique et même d’Occitanie historique – je te parle de la moitié de la France, pas de l’actuelle région administrative – le coucou ne désigne pas la même fleur, mais tu sais, en linguistique, c’est toujours tout un poème ! C’est un peu comme la croustade, le pastis et la tourtière, les histoires, les usages, ne sont pas les mêmes mais ils ont toujours des liens !
Et puis il y a ces petites fleurs dont j’ignore le nom. Je pourrais chercher. La toile regorge d’information. Mais finalement je préfère garder le mystère et les trouver belles et continuer à me demander comment elles s’appellent. Pas la peine de divulgâcher leur nom et de briser mon goût de l’inconnu ! Je finirai par le savoir. Laissez-moi simplement les admirer comme elles sont et quand en plus elles se parents de sublimes papillons … que demander de plus ?
Il s'installe donc, tranquillement, mais surement, et l'hiver s'éloigne au même rythme. Le printemps est un poète qui commence à semer ses mots, ses couleurs, ses musiques et ses odeurs comme pour nous appâter. Il se laisse ensuite aller à bien des vers, bien des alexandrins de merveilles. Il nous montre un monde que l'on avait oublié... il nous emmène avec lui, progressivement. Le printemps est un poète et on ne peut que le contempler !
et toujours une belle façon de nous décrire tes découvertes et pauses
C'est vrai que ce sont plutôt les primevères sauvage (primula) que j'appelle Coucou.
C'est drôle comme cette Ophrys a parfois la langue pendante et parfois dentelée comme dans l'ourlet de tricot 'dents de chat'
j'espère que ton travail n'est pas trop affecté par les précautions ambiantes et que tu peux t'évader là où tu officies