Je n'ai pas oublié les orchidées !
Cette année a été bien différente des autres. J'avoue que j'ai eu moins d'impatience de les retrouver. Non pas parce que je leur porte moins d'intérêt, ça c'est impossible. Mais parce que je savais que je n'aurais pas le temps d'aller autant à leur rencontre. Je savais que j'allais forcément louper quelques espèces en particulier et que mes occupations ne me donneraient pas de douces occasions de suivrent l'évolution des prairies sauvages. Les orchidées en 2017, je ne les ai vues que par intermittence, ici ou là et souvent tout à fait par hasard ou en m'offrant parfois un détour bien mérité après de longues journées d'enquêtes linguistiques et de travail. Les balades ont alors été une véritable bouffée d'oxygène. Je ne sais pas comment c'était dans les autres départements, mais j'ai trouvé la saison 2017 un peu chétive, un peu avare : moins de fleurs, moins de variétés et quasiment deux semaines de retard par rapport à l'année précédente. Il faut dire que le printemps a été quelques peu étrange. Il est arrivé très tôt, puis a subi à nouveau les foudres glaçantes de l'hiver, et est revenu assez tard. Si bien que début mars, où je croise toujours quelques ophrys bruns sur les chemins de Lamaguère, ne m'a montré qu'une seule et unique pousse.
Je ne sais pas si c'est lié, mais il me semble que les bulbes ont préféré rester bien au chaud pour une année 2018 probablement fabuleusement orchidesque. Nous verrons ça à partir de mars prochain. Malgré tout, au fil de mes pérégrinations, j'ai pu quand même retrouver mes chères et élégantes orchidées. Leur rareté du moment les rendait un peu plus précieuses à mes yeux, d'autant plus que je n'avais que peu de temps pour les chercher, les trouver, les immortaliser. J'ai retrouvé avec plaisir les ophrys araignées et les ophrys de mars dans la forêt de Montégut, toujours au pied de la tour aux fées. Elles me semblent toujours être des ovnis, des petits êtres étranges, sortis de nulle part, dont la forme est tout en courbe. Elles se parent de motifs caractéristiques dont j'aime observer la disposition. Elles oscillent entre le marron et le pourpre, quelque chose qui pourrait paraître triste au premier regard mais qui est en fait éclatant.
C'est à Castelnau-Barbarens, vers la fin du mois de mars que j'ai pu enfin admirer mon premier et mon ultime ophrys brun fleuri de l'année. Il commençait à avoir fait son temps mais cela ne le rendait pas moins intéressant. J'aime beaucoup cet ophrys, parce que souvent c'est le premier de l'année. C'est lui qui ouvre la saison, c'est lui qui dit "A vos marques, prêts ? Orchidez !". C'est le précurseur. C'est un peu lui le chef. Sa forme est tout aussi étonnante. Il a ce petit quelque chose d'intrigant. Je lui vois toujours de grand yeux ouverts et le museau gourmand.
J'ai vu aussi l'ophrys qui est pour moi le plus fascinant. Ce tout minuscule personnage, qui si l'on veut le voir invite à écarquiller les yeux, perché sur sa tige verte, arborant une barbiche d'un jaune solaire et qui est un peu comme un petit tournesol avant l'heure. Je me souviendrai toujours de la première fois que j'en ai vu un : c'était sur la route de Lartigue. J'avais pesté parce que j'étais arrivée trop tard, il était fâné, la barbiche séchée. Comme l'an dernier j'en ai vu des dizaines, je me suis donc depuis cette première fois bien consolée. J'aime la façon qu'il a de rayonner dans le bleu du ciel. J'aime son humilité et en même temps sa grandeur dans le microcosme des prairies calcaires de Castelnau Barbarens, d'Hauliès et de Faget-Abbatial.
Et toujours au rendez-vous des dizaines d'orchis pourpres ou orchis madame comme les appellent les anglais : leurs fleurs ressemblent à des belles dames aux robes chatoyantes. Les motifs sont jours sémillants. Les orchis pourpres sont courantes, vous n'avez pas pu les râter ! Je les ai retrouvées un peu partout dans le Gers. Dans une grande prairie sauvage, en bordure de route, entre Pavie et Pessan. Si vous passiez par là et que vous avez vu une étrange dame accroupie dans l'herbe, non je ne faisais pas pipi, je prenais juste en photo ces orchidées majestueuses. Ô j'en ai croisé de magnifiques également sur une route qui mène au château de Garrané près de Seissan, un soir, alors que le soleil finissait sa course apparente. Et puis j'ai vu les dernières près de Lupiac, sur les terres de d'Artagnan.
Bien sûr, je n'ai pas loupé les orchis singes. Ces orchidées-là aussi, je les kiffe - en fait je les kiffe grave toutes, mais différemment les unes des autres. D'abord parce qu'elles sont tarabiscotées mais aussi parce qu'elles ne fleurissent pas comme les autres orchis : elles commencent leur inflorescence par le haut ce qui peut, en début de floraison leur donner des silhouettes un peu spéciales. Evidemment, j'en ai vu à la pelle près de Faget-Abbatial, mais aussi vers Seissan. Elles n'ont pas manqué à l'appel bien qu'elles soient, elles aussi, arrivées un peu plus tard qu'habituellement.
Revenons aux ophrys. Oui, car dans les orchidées sauvages il y plusieurs groupes : les orchis qu'on pourrait définir par des touffes de fleur, les ophrys avec leurs formes étranges qui rappellent souvent les insectes, les céphalantères, les platanthères, les listères, les épipactis, les sérapias ...et j'en oublie forcément et je peine à vous les décrire. Revenons donc aux orphrys avant de reparler d'orchis ou des autres sortes. Je n'ai pas eu l'occasion cette année de croiser beaucoup d'ophrys mouches. Heureusement quelques pieds ornaient la forêt de Montégut !
J'ai eu pu voir des ophrys bécasses, des orchis militaires, des orchis morio dont un albinos mais je n'ai pas eu le temps d'aller en voir plus, et un orchis Fuchs aussi. Je n'ai pas eu le temps, non, d'en chercher davantage. C'est surtout le hasard qui m'a permis de les croiser ici ou là, m'arrêtant au bord de la route, pour les immortaliser. Ils avaient une saveur exquise, une rareté plus précieuse que les autres années, parce que ce n'était pas prévu que je les visse. Ce n'était pas prévu que je les prenne en photo. Je n'étais pas en chasse. Je ne les ai pas trouvés, en fait, c'est eux qui m'ont trouvée me disant plus ou moins "Coucou, on est là !".
Je regrette juste d'être arrivée trop tôt pour les céphalantères de Montégut ! Ils n'étaient pas encore éclos ! Leurs fleurs sont d'une beauté incroyable, couleur perle, elles sont délicates, fragiles, les photographier en macro demandent beaucoup de précaution. Celle-ci, bien qu'encore timide, avait tout de même beaucoup de charme et le soleil la baignait d'une lumière qui la mettait en valeur dignement.
S'il y avait une orchidée que j'étais sûre et certaine de ne pas louper c'était le sériapia à longs labelles. Ce specimen est fréquent. Il en pousse comme des chocolatines dans une boulangerie - à part que les chocolatines disparaissent bien plus vite. Ca tournicote, ça s'emberlificote, ça se noue, ça revient par ici, ça repart par-là, ça fait de drôles d'individus, de drôles d'énergumènes dont j'aime particulièrement l'aspect velours.
Bien sûr, j'ai croisé des centaines d'anacamptis pyramidalis. Hé quoi ? Oui, vous avez dû en voir aussi, un peu partout. Leur fushia attire l'oeil. La pointe de leur inflorescence également. Pas rares et heureusement car qui s'en lasserait ? Pas moi ! Ils me plaisent, tout simplement. Ils ornent les bords des routes. C'est agréable quand on conduit, autant de couleurs. Autant de touches fushia -dans la verdure !
Les dernières que j'ai vues ne sentent pas très bons. C'est pourquoi elles portent bien leurs noms : orchis boucs. Si vous en croisez un jour, mettez-y le nez, allez, n'ayez pas peur. N'oubliez pas le selfie en suivant, histoire de partager avec nous votre grimace à la perception de l'odeur de chèvre que dégage la fleur. Pourtant quand on la voit, on imagine peu qu'elle puisse sentir si mauvais. Avec ces lanières virevoltantes, comme des rubans soyeux dans les cheveux, avec leur hauteur parfois impressionnantes, leur déploiement grâcieux, elles sont heureusement bien belles, à défaut d'être sacrément puantes !
Hélas la saison 2017 est terminée. Encore qu'on peut encore croiser quelques très rares épipactis que je n'ai jamais vus encore : il y en a surtout dans les bois, peut-être dans la forêt de Monlaur-Bernet... Ce sont les seules qui peuvent encore être en fleurs, les autres ont tiré leur révérance jusqu'à la prochaine saison, laissant leur bulbe bien au chaud sous terre, ce bulbe qui ressemble à des paires de testicules, d'où leur nom, "orchis", du latin "testicule". Vous comprendrez donc que l'on dise UN ORCHIS et non UNE. Et pourtant on dit une orchidée. Il n'y donc pas mieux que les orchidées sauvages pour honorer la parité, d'où ma difficulté à jongler entre le "IL" et le "ELLE". Trêve de blabla étymologicomique. Je n'ai pas vu l'ophrys abeille, je n'ai pas vu les beaux hybrides de début mai, je n'ai pas vu d'orchis moustiques, je n'ai pas vu l'ophrys du Gers en 2017... je n'ai toujours pas rencontré l'ophrys miroir, ni l'ophrys guêpe, pour ces deux dernières il va me falloir de la patience, car elles sont plus que rares. Bref, autant vous avouer qu'au fond, il me tarde déjà la saison 2018. Mais avant, je vais profiter des tournesols, de l'été, de l'automne, des spiranthes d'automne si je le peux, de l'arrivée de l'hiver, des paysages, de bien des choses en somme et ça viendra plus vite que je ne le crois !
Commentaires sur Je n'ai pas oublié les orchidées !
- je reviens de vacances dans les pyrènes catalan a font remue ou j'ai pu voir pour la premières fois de ma vie des orchides sauvages,un vrai plaisir