Tu veux voir le paradis ? Viens dans le Gers, pardi !
Trois matins à observer, trois matins à ne voir à l'horizon qu'une masse de nuages grise. Trois matins à me dire que je ne reverrai pas les Pyrénées en 2013 ... Il fallait donc patienter, patienter, et jeter un oeil de temps en temps au cas où. Après tout, on ne sait jamais ! Hier soir, comme j'avais vu que la météo allait être clémente aujourd'hui, j'ai mis mon réveil à 7h30 en maugréant un peu…c’est que, c’est dur de se lever quand on est en vacances et qu'on pourrait dormir une petite heure de plus. Et puis, peut-être que ce serait pour rien finalement. A quoi bon ? Aurais-je perdu mon enthousiasme habituel, mais que se passe-t-il ? Je programme malgré tout mon réveil et bien que je me sois couchée tardivement, je tiendrai le coup ! Comme si le Gers était connecté à mon esprit, je me réveille un peu avant que le réveil sonne. Timidement. Je sors de la chambre en traînant les pieds, les yeux mi-clos. Puis j’ouvre délicatement un bout du rideau. Tout à coup, une étrange énergie s’empare de mon corps : "On voit les Pyrénées !!!! ". Je crie de joie en sautillant, il m'en faut peu pour être heureuse. Il faut que je me dépêche de prendre mon petit-déjeuner et que je m'habille un peu plus chaudement que mon pyjama. Ni une ni deux, à 8h00 suis dehors et sans chaussettes dans mes chaussures (personne n’est parfait et surtout pas moi). La température négative me lèche glacialement le bout des orteils. Il faut marcher maintenant. Mon vieil arbre apparaît solidement, moi qui crains toujours de ne plus le voir à mes retours ponctuels dans le Gers. Le ciel m'offre un tableau étonnant, comme toujours. Des couleurs douces, ce n'est pas un coucher de soleil, c'est un levant, comme pour bien commencer la journée.
La végétation séchée par le froid, rigide, s'accorde à merveille avec l'intense rose qui nous surplombe elle et moi. Mon ancien mur aussi, s'en accommode très bien.
J'avance encore un peu et je ne puis vous traduire encore une fois l'effet "Pic du Midi". Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu l'occasion d'assister à un matin comme celui-là ! Je jubile, je contemple, je clique sur le bouton de l'appareil photo, j'essaie de rester stable pour réussir la photo, je réfléchis même au cadrage, et puis je me dis, que je n'ai qu'à faire comme d'habitude, comme je le sens. Alors je clique, je clique, les montagnes sont enneigées, elles sont là mes Pyrénées. J'en profite, je prends ma dose. C'est la drogue la plus douce du monde, celle qu'on peut consommer sans aucun risque, la seule qui devrait être consommée et sans modération. Son seul effet nocif est la congélation imminente des orteils nus, mais cela n'arrive qu'aux personnes comme moi, qui n'amènent que des chaussures où les orteils sont nus en vacances... Laissons-là cette histoire d'orteils et revenons-en à nos moutons gersois !
De l'autre côté, le village commence lui aussi à se réveiller. C'est fou cette couleur du ciel. Je crois vraiment me promener dans un tableau. Comme si j'étais passée de l'autre côté du cadre... Cela me rappelle le matin du 22 décembre 2012, après l'apocalypse annoncée qui n'avait pas eu lieu : j'ai cru alors que j'avais trouvé le paradis. Aujourd'hui, j'ai retrouvé mon paradis gersois, beau à 360 degrés ! Je tourne, je tourne, je tourne sur moi-même, où que je regarde, c'est beau. Quel département incroyable !
Je continue ma petite exploration, le long de mon chemin et encore une fois, mille merveilles m'attendent. Tu vois, permets-moi de te tutoyer, c'est un peu ça aussi, le bonheur, c'est à chaque instant profiter des choses belles et simples qui nous entourent. T'es pas d'accord ? T'imagines ? Tu te lèves, tu te bouscules, tu sors de la maison, tu te gèles les pieds, et puis tu vois ça ? Tu te dis quoi ? Hein ? Tu te dis que tu as de la chance. Moi, je suis une sacrée veinarde, car en plus d'avoir les Pyrénées comme je l'espérais, j'ai droit à un ciel féérique. Un peu comme Noël après l'heure. Pfiou !
Une fois arrivée au bout du chemin, après avoir vu les trois cimes derrière les arbres, endroit que je chéris particulièrement, je reviens sur mes pas ! Oui, car il faut absolument que j'aille vers la grande route au moment où le soleil va surgir ! Il y aura des paysages à couper le souffle pardi ! Froid ou pas aux orteils, je brave le fond de l'air, et je suis décidée à continuer à me promener dans cette peinture gersoise fascinante.
Je commence à changer de point de vue, pas d'avis, mais topologiquement, de point de vue. Je vois tout depuis d'autres angles. Le ciel s'éclaircit, le mauve, le rose, le fushia s'apaisent. Le jour va poindre. Le soleil s'étale sur des pans de montagnes.
Me voilà sur la grand route. J'aime bien être ici. Il y a ce chêne rouvre, le panorama sur les montagnes, la campagne. Il y a comme toujours cette vue sur Mont d'Astarac. Il y a des courbes, des lignes, des points de fuite. C'est une oeuvre d'art, voilà ce que j'en dis ! Une oeuvre d'art ! Nature fait si bien les choses !
La promenade se termine avec une vue sur la grange et mon arbre, la boucle est bouclée, je suis absolument ravie. Il fallait bien que je t'en parle, que je te le confie ... surtout n'hésite pas à partager ce secret avec l'univers tout entier : le Gers c'est le plus beau département du monde, en toute subjectivité, quoique, je suis objective là, non ?
Commentaires sur Tu veux voir le paradis ? Viens dans le Gers, pardi !
- Superbe